En contrebas de la place du village, en parcourant un chemin tortueux et pentu qui serpente à travers des bois ombragés, on rencontre sur le bord du Doustre une croix de pierre surplombant une cavité remplie d’eau creusée dans la roche graniteuse. C’est la fontaine de Saint-Eutrope vénérée par les habitants qui vouaient à travers elle une dévotion sans pareille au saint personnage.

Fontaine Saint-Eutrope

Sources et Bibliographie

[1]    La Paroisse de Saint-Pardoux-la-Croisille: Notice historique de M. l'Abbé J.-B. Poulbrière notablement améliorée par Marcellin Chastanet. Brive Imprimerie Catholique, 1925.

[2]    Le Bas-Limousin Seigneurial et Religieux, J. B. Champeval de Vyers, 1896

[3]     Manuscrit de Georges Marouby, 1987

[4]     Bonnes fontaines en Corrèze, Légendes - Coyances - Traditions Université du 3e âge de Brive et sa région Editions les 3 Epis, 2002

[5]     Le culte des fontaines en Limousin, Etudes et Tableaux par Gaston Vuillier, par Edouard Charton  Editions Hachette, 1901

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Suivant une tradition ancestrale du village, chaque année le 30 Avril (puis plus tard le premier dimanche de Mai) se tenait une procession pittoresque [1], [2] où une foule considérable venait rechercher avec empressement les vertus de cette fontaine réputée miraculeuse.

Elle passait pour soulager et parfois guérir les infirmes et les estropiés qui y plongeaient avec espoir cannes béquilles et bâtons [3], [4].

Avec l’eau guérisseuse de cette fontaine, on lavait l’enfant malade, certains la buvaient ou faisaient leurs ablutions pour guérir leurs maux de tête, d’autres l’invoquaient pour préserver des gelées les récoltes à venir ou pour les rendre meilleures [4].

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La foule des grands jours encombre la place

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La procession entame la descente

C'est la bousculade au retour

L’histoire raconte aussi que les jeunes filles se rendant à la fontaine cachaient le vrai motif qui les amenait en ce lieu. On le devinait en les voyant tremper en riant et en rougissant parfois, leur pied gauche dans l’eau de la fontaine espérant ainsi trouver l’âme sœur avant la fin de l’année.

La procession obéissait toujours au même rituel. Au départ de l’église, le protocole organisé par le curé de la paroisse prévoyait un roi et une reine (reinage) en tête de cortège suivis par quatre jeunes gens portant sur un brancard la statue de Saint Eutrope.

Une jeune fille se voyait confier la bannière du saint à laquelle quatre rubans bleus étaient attachés et tenus par quatre autres jeunes filles [4].

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Arrivée de Saint-Eutrope

et de sa bannière...

Pendant toute la descente conduisant à la fontaine on priait et entonnait des cantiques à la gloire du saint  [3]:

”Que Saint-Eutrope

Notre pasteur

Vous enveloppe

D’un regard protecteur” …

Avant de remonter vers le village, pour s’attirer davantage les bienfaits du saint, les fidèles jetaient quelques piécettes dans l’eau de la fontaine.

Alors le rationnel reprenait le dessus, le lendemain matin les pièces avaient toutes disparu.

Les témoins qui se souviennent encore aujourd’hui de ces pèlerinages racontent avec nostalgie que le flot des fidèles s’étendait jusqu’à l’autre rive du Doustre noircie de monde par ceux venant de Prach, de La Vialle, de Marcillac, de Fraysse, de Teysonnière et d’ailleurs.

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La foule se presse sur les deux rives du Doustre

L'histoire de notre "bonne fontaine" rejoint celle des autres fontaines limousines si admirablement décrites par Gaston Vuillier [5]:

« ..O fontaines perdues vers les cimes désertes, silencieux miroirs reflétant la nue, sources musicales des bois qui égrenez des perles sonores en des vasques ourlées de mousse ; fontaines augustes, au cœur tumultueux surgissant triomphales des antiques nymphées de marbre et des lauriers fleuris, vous avez été durant des siècles le rêve de bonheur et l’espoir de l’humanité !...

..Et vous, humbles fontaines limousines suintant des veines du granit, sous les bouleaux et les hêtres, vous restez toujours le mythe bienfaisant et consolateur du laboureur ou du berger, de tous les pauvres êtres au cœur naïf qui vont foulant la bruyère et nous transmettent encore, en précieux héritage, les traditions et les vieux cultes... ».

Si certaines d'entre elles continuent à perpétrer leur tradition religieuse à travers des pèlerinages contribuant ainsi à entretenir leur culte, pour la nôtre au contraire celle-ci s’est éteinte peu après la seconde guerre mondiale.

 Ce sont peut-être les progrès de la médecine et le recul de la foi qui assénèrent un coup fatal à cette procession qui dura plusieurs siècles…

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