Cette description de l'église du village est extraite d'un article rédigé par Georges MAROUBY qui fut instituteur à l'école du bourg. Elle prend la forme d'une visite guidée comme si vous y étiez.

Suivons le guide!

L’église dans laquelle vous venez d'entrer existe au moins depuis un millénaire, nous en avons un témoignage par un document daté de 930. Cette année-là, un puissant seigneur de Tulle, Adhémar Des Echelles rédige son testament par lequel il lègue toutes ses possessions à l’Abbaye Saint-Martin de Tulle. De vieux documents conservés aux Archives Nationales, en portent témoignage : une bulle du pape Jean XXII la signale avec d’autres, ses voisines, comme ayant fait l’objet d’une donation à l’Abbaye Saint-Martin de Tulle. Comme de nombreux petits sanctuaires ruraux, elle est de style limousin, roman avec ses voûtes en demi-cercle dans le chœur, la nef et la chapelle orientées au Nord, limousin avec son clocher-mur (ou clocher-pignon, ou clocher à peigne), ses lourds pilastres qui encadrent le portail.

Au cours de votre séjour en Bas-Limousin, vous aurez souvent l’occasion d’en admirer de semblables, avec leurs cloches apparentes en nombre variable. Ce clocher typique ne résulte pas d’une recherche esthétique particulière mais traduit le souci d’économie des paroissiens qui contribuaient plus par leur travail que par leurs offrandes. La construction d’un clocher à quatre pans aurait entraîné des dépenses hors de portée.

 

La visite se déroule dans le sens inverse des aiguilles d’une montre : vous apercevez deux statues polychromes auxquelles il est difficile d’assigner une date. Selon toute vraisemblance, elles seraient du XIXe siècle et par conséquent sans grande valeur. Mais si le temps n’en fait pas de vénérables reliques, les paroissiens les révéraient car elles représentent l’une et l’autre, les deux saints patrons de la paroisse. Au premier d’entre eux, Saint Pardoux, considéré comme le plus ancien protecteur de la communauté paroissiale, emprunta même son nom. Saint Pardoux vivait au VIIIe siècle et sa renommée était telle en Limousin que de nombreuses églises l’ont choisi pour patron. On célébrait sa fête le premier dimanche d’octobre. Mais au cours des siècles, Saint Pardoux se vit peu à peu détrôné par un patron secondaire, Saint Eutrope, dont les restes reposent dans la crypte de la cathédrale de Saintes.

Il faut croire que Saint Eutrope avait réalisé des miracles, puisque les fidèles abandonnèrent son prédécesseur. Toute la paroisse lui réserva désormais sa dévotion, si bien que sa fête, célébrée le 30 Avril puis le premier dimanche de mai, donnait lieu à des festivités laïques et religieuses en présence d’une grande foule.

En effet une procession très suivie, le saint en tête, porté sur un brancard par quatre hommes, descendait par un chemin tortueux jusqu’au Doustre ou une fontaine miraculeuse guérissait les éclopés. A quoi tient parfois la renommée d’un saint : en langue limousine Eutrope se dit ”estropie” comme estropié. Et les fidèles qui attendaient la guérison ne manquaient pas de plonger canne ou bâton dans l’eau guérisseuse et la procession remontait à l’église, avec moins d’allant qu’à la descente.

Vous parvenez à la première chapelle construite en 1754 comme l’indique la date gravée à la clé de voûte, tandis qu’une, ciselée sur une dalle du pavement a résisté à l’usure du temps et rappelle que, selon un usage en vigueur jusqu’à la Révolution, le corps d’un notable dort sous la pierre.

Les murs sont nus, le chœur dépouillé d’ornements donne un air austère à cette partie de l’église. A l’occasion de travaux de restauration, les spécialistes mirent au jour deux séries de fresques : l’une épousant la forme de la voûte représente un plafond à caisson en trompe l’œil. L’autre garnit l’espace entre les deux voûtes, celle du chœur et celle de la nef. Il n’a pas été possible de reconstituer la scène représentée mais on distingue néanmoins des personnages évoluant entre les deux pans d’une tenture. La date de réfection figure à la clef de voûte du chœur.

Passé la porte de la sacristie s’élevait la chaire à prêcher que l’on a retirée car elle ne représentait aucun caractère d’œuvre d’art. Au pied de la chaire, une date signale la sépulture d’un paroissien aisé. Au centre du chœur, une inscription accompagnée d’une croix marque la tombeau de plusieurs seigneurs de Pebeyre : Les Arnaud du XVIe siècle, le Lespinasse à partir du XVIIe siècle. Ces derniers provenaient d’une famille de la bourgeoisie aisée de Tulle.

 

La chapelle orientée au nord, diffère, dans son style, du reste de l’édifice par une croisée d’ogive dont la clé est sculptée d’une couronne renfermant une croix. On ignore l’origine de ces armes simples, aucune famille seigneuriale n’en ayant porté de telles, sauf une, très ancienne, dont le blason portait bien une croix mais aux branches terminées par des cercles (croix bourdonnée).

On s’arrêtera aux fonds baptismaux et au bénitier dont le style dénote une facture remontant à des siècles lointains.

La visite ne s’arrête pas ici, car l’extérieur mérite qu’on l’observe avec attention. Commençons par la façade. Le portail, encadré de pilastres, a été remanié en 1648 (date et monogramme du Christ) et s’ouvre sous un fronton triangulaire dont le sommet abrite dans une niche, une vierge de miséricorde portant une banderole où l’on peut lire ”Ô, vous qui passez, voyez s’il est douleur pareil à la mienne”. C’est la marque caractéristique des jésuites qui, depuis 1631 étaient les possesseurs de l’église. Les travaux d’embellissement qu’ils firent exécuter entraînèrent des mouvements de la maçonnerie. On peut s’en assurer en se plaçant face à l’église, à une dizaine de mètres, d’où l’on constate que les lits de pierre de taille ne sont pas d’un parallélisme rigoureux. Au sommet du clocher s’étire une croix encadrée de deux cylindres surmontés d’une sphère : sans doute avait-on jugé que les deux larrons du Golgotha ne méritaient pas la croix du seigneur.

De là nous commencerons le tour du sanctuaire en partant sur la gauche. Le côté n’offre rien de remarquable. Nous parvenons au chevet où l’on s’arrête pour observer deux particularités d’un bâtiment. Ce sont d’abord les corbeaux de pierre grossièrement sculptés représentant un lion, un oiseau et des figures humaines. Plus haut, on distingue des pierres horizontales débordant du mur, vestige d’un clocher primitif qui devait donc s’élever au-dessus du chœur avant d’être transféré à son emplacement actuel.

Il faut savoir que l’église formait un enclos avec le cimetière, les tombes l’entourant presque entièrement. La paroisse comportait le bourg avec l’église et une douzaine de hameaux -en Limousin, on dit ”village”- Chacun avait un emplacement réservé pour ses morts et les curés défunts recevaient une sépulture autour de l’oradour ”oratoire”, monument dont il ne reste que la grande croix de pierre (en forme de croix de Malte). Ainsi les morts dormaient dans l’ombre de leur église.

La superficie du champ de repos devait subir une réduction et se trouver limitée par un mur dont on devine sans peine la forme sur un des piliers de l’église. Ce qui en restait disparut il y a une cinquantaine d’années lors du transfert du cimetière sis hors du bourg.

Depuis un millénaire, les cloches ont sonné les évènements tristes ou joyeux et rythmé, avec les trois angélus, la journée de nos ancêtres laboureurs.

 

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